Église Saint Laurent
de Mont d’Astarac
Aux alentours de 920-930, Mont d’Astarac devient la capitale du Comté de l’Astarac par héritage, et Arnaud Garsie, fils du duc de Gascogne, y installe son château en bois et pierre.
L’église Saint-Laurent est construire à la fin du XVème siècle hors les murs du village par manque de place. Elle fait face à la tour-porte en pierre, seul vestige de la motte féodale.
Petit à petit, le village décline et l’église arrive jusqu’à nous à l’aube de 1968.
En 1968, la découverte des peintures murales, grâce à Jean-Michel Lassure (professeur d’anglais à l’Institut Saint-Christophe de Masseube) passionné d’histoire, nous permet d’admirer aujourd’hui un ensemble de près de 250m² dans le chœur et les 2 chapelles sud.
L’église est ouverte au public tous les jours de 10h à 18h du 1er avril au 31 octobre.
(En dehors de cette période, vous pouvez contacter la mairie le vendredi matin au 05 62 66 04 70)
L’église possède une structure architecturale trapue, construite en blocs de molasse (grès tendre) et un toit couvert de tuiles plates typiques du style des édifices religieux de la Haute Vallée du Gers.
La façade est surplombée par une tour-chambre des cloches et d’une flèche, rebâties au milieu du XIXe siècle à la suite de leur destruction par la foudre suivie d’un incendie.
Le chevet pentagonal est encadré au nord d’une sacristie et une chapelle, et au sud, d’une seconde sacristie et de 2 chapelles.
En pénétrant sous le porche, une série de sculptures de réemploi est visible sur les consoles des piliers : un couple nu s’affrontant, symbole du bien et du mal et une tête accompagnée d’un chien (un chasseur), un personnage avec une lance, Saint Christophe portant l’enfant Jésus.
L’église, de style gothique, possède des proportions monumentales à la mode languedocienne : 34,20m de long et une nef large de 9m.
Ces dimensions importantes apparaissent bien trop vastes au regard de la population actuelle du village. À l’époque de la construction, la population était beaucoup plus importante. Victime de l’exode rural et de l’hécatombe de la 1ère guerre mondiale, les villages se sont dépeuplés.
Les peintures murales de la fin du XVème siècle
En 1968, la découverte des peintures murales du chœur et des chapelles sud, grâce à Jean-Michel Lassure (Université de Toulouse), nous permet d’admirer aujourd’hui un ensemble de près de 250m². Un premier programme de restauration est décidé et réalisé à cette époque pour l’ensemble du chœur.
Dès 2010, la Maire, Françoise Casalé, grâce à une volonté tenace, entreprend de faire restaurer l’ensemble du bâtiment, les peintures du chœur et des chapelles.
Ces dernières ont fait l’objet d’une restauration non invasive permettant au visiteur de voir l’état le plus originel possible, avec des méthodes et des matériaux les plus proches de ceux de l’époque.
Ces peintures sont faites à la détrempe, technique de peinture à l’eau utilisant comme liant une colle (colle animale, colle à base d’œuf…) sur un enduit de chaux sec avec des pigments naturels. Les couleurs sont peu variées : une gamme d’ocre et de brun-rouge, réhaussée d’une pointe de gris, de vert et de bleu.
L’ensemble des peintures a été identifié comme la réalisation d’un atelier local itinérant. D’autres églises des villages voisins possèdent des peintures semblables en plusieurs points.
La datation de la construction de l’église et de la réalisation des peintures, entre 1483 et 1490, est possible grâce à la présence dans la partie du chœur des 2 blasons : celui des Comtes d’Astarac et en pendant celui de la Maison de Savoie, plus exactement de François-Philibert de Savoie, archevêque d’Auch de 1483 à 1490. Ces 2 blasons nous informent sur les dates et sur l’identité des commanditaires.
Dans le chœur,
l’iconographie retrace 12 scènes de la Passion du Christ, ensemble des souffrances endurées par Jésus Christ avant et pendant la crucifixion, de l’entrée à Jérusalem, en haut à gauche jusqu’à l’ascension à droite.
Ce thème est typique au XVe siècle. Sous forme de « bande dessinée » compréhensible par tous, il a pour but la pédagogie religieuse.
Au centre, le Christ-juge, ressuscité et entouré de la Vierge, de Moïse, trône au-dessus, de la représentation du Paradis symbolisé par un château ( Jérusalem) à la porte ouverte où saint Pierre accueille les élus nus qui se présentent après être sortis de leurs tombeaux. Ces élus sont identifiables par des coiffes, comme des gens issus de toutes les couches de la population : évêque, noble, bourgeois, paysan… Ils sont nus, tous égaux en entrant au Paradis !
À droite de cette scène, est représenté l’Enfer.
La partie gauche est occupée par la gueule béante de Léviathan, monstre crocodilien verdâtre. À l’intérieur, un démon chevauche une chaudière emplie d’un liquide bouillant. Il jongle avec 3 damnés, tout en vomissant et en excrétant 2 autres. À droite, un diablotin vert brandissant sa fourchette, un autre utilisant un tibia humain comme flûte, un 3ème tenant 2 personnages têtes en bas comme des animaux tués.
Un joueur de dés figure à l’extrémité droite du panneau. Il est assis entre 2 démons à une table soutenue par 2 tréteaux. Il s’adonne aux jeux de dés, véritable fléau au Moyen Âge et symbole de l’emprise du démon.
La Cène en bas, dernier repas du Christ où l’on découvre des tenues vestimentaires et de la vaisselle de la fin du XVe siècle permettent de simplifier la lecture pour les fidèles de l’époque.
Le Christ est reconnaissable avec son long manteau rouge et coiffé de la nimbe crucifère.
L’Arbre de Jessé
Sur la partie gauche du chœur, se déploie l’Arbre de Jessé, véritable arbre généalogique de Jésus, à partir du fondateur de la dynastie de Juda, Jessé, père du roi David. Ce thème est très fréquent au Moyen Âge.
Ici, nous pouvons voir 14 rois couronnés entourant l’enfant Jésus dans les bras de la Vierge, allaitante et vêtue d’un manteau d’hermine. Il se détourne de sa mère pour accueillir les fidèles entrant dans l’église, bras tendus en signe de bienvenue.
AUDIO-GUIDE
L’arbre de Jessé est représenté sous la forme d’un pommier jaillissant du ventre de Jessé, situé au-dessus de la porte de la sacristie. Le thème du pommier et de la pomme sont le symbole du Paradis, d’Adam et Eve et du péché.
Les rois de Juda sont tous vêtus de vêtements à la mode de la fin du Moyen Âge et jouent d’un instrument de musique de la même époque, célébrant les louanges de la Vierge. David est visible, en haut à droite, jouant de la harpe, agenouillé sur une peau de bête.
La voûte
Au centre, le Trône de Grâce est une représentation de la Trinité, répandue au XVe siècle. Le père vieillard présente son fils crucifié. Entre 2, l’esprit saint en colombe a disparu par le percement du trou pour la corde actionnant un cloche, supprimé aujourd’hui.
Les 6 voutains sont décorés de médaillons ornés des 4 évangélistes accompagnés leurs attributs (Matthieu avec l’homme, Marc et le lion, Jean avec l’aigle et Luc avec le taureau) et les docteurs de l’église (saint Ambroise, évêque et sa mitre, saint Jérôme en moine, saint Augustin, évêque et sa mitre, saint Grégoire, pape avec sa tiare).
Des sculptures sont posées sur les consoles du chœur et des chapelles. Différents motifs sont identifiables.
Dans le chœur : 2 roues solaires, personnage priant, personnage aux mains en geste de prière, personnage au livre ouvert, personnage accompagné d’un chien et d’une houlette. Dans les chapelles : roue solaire, tête barbue, tête avec un livre.
Comme celles du porche, elles sont issues du même atelier itinérant et sont des représentations religieuses ou de la vie locale.
La chapelle sud dédiée à la Vierge
Des scènes de la vie de la Vierge sont représentées : la Dormition à gauche, la Présentation de l’enfant Jésus aux Rois Mages ou l’Adoration, le baptême du Christ en présence de la Vierge.
Cette chapelle a été restaurée en 2011-2012. La restauration est une restauration légère. Les couleurs semblent usées. Les manques sont conservés et une niche a été fermée, car créée après la réalisation des peintures.
La seconde chapelle sud
Le répertoire décoratif y est totalement différent.
Un ensemble de volutes de feuilles et fleurs dans une harmonie de tons ocre et rouge ornent les murs. La restauration a laissé apparaître les manques.
À noter, le décor de l’arcature : une torsade en tons grisâtres, peinte à l’époque du XVIIIe siècle, période d’un nouveau décor.
Les restaurateurs ont conservé ce témoignage d’une autre époque afin que le visiteur puisse voir l’évolution et l’histoire de l’église à travers les siècles.
Association de la Route des Peintures Murales et Sculptures
Contact : rpms @ orange.fr ou Office de Tourisme Val de Gers au 05 62 66 12 22