Sainte-Dode

son église et son temple

Pour visiter l’un de ces édifices,
vous pouvez contacter la mairie
le mardi matin au 05 62 67 04 41

L’Église de Sainte-Dode

Situé au sud du département, Sainte-Dode est d’abord un petit prieuré bénédictin fondé en 1034 par le comte Guillaume d’Astarac. Rapidement, il passe sous l’autorité de l’abbaye de Simorre puis, il est géré par les Jésuites du collège d’Auch à la fin du XVIIe siècle. Il fut démoli pour édifier la demeure aux allures de château à l’entrée du village, qui porte encore aujourd’hui le nom de Beauregard, face à une vue exceptionnelle sur les Pyrénées.

L’église est une des plus grandes du canton et date du début du XIe siècle.

Primitivement, l’édifice était doté d’un clocher-mur roman dont on peut voir la partie restante sur le côté droit du clocher actuel (1875).

Sur la partie gauche, une tour carrée pourrait dater du XIVe siècle avec une date précise de 1343 gravée sur une pierre de l’escalier intérieur.

L’époque romane fait naître une église avec une nef unique de grande dimension et une abside circulaire,dans laquelle on rentre par un portail méridional de la même époque couvert d’un auvent moderne.

À l’époque gothique, autour du XIVe – début XVe siècle, un chevet est construit afin d’allonger le chœur à l’arrière de l’abside romane.

Au début du XVIIe siècle, l’église semble en très mauvais état après le passage des Protestants.

Divers travaux sont entrepris par les Jésuites, mais en 1671 un incendie ravage une partie du chevet de l’église.

Fin XVIIe – début XVIIIe siècle, 2 chapelles latérales sont édifiées et dans des années 60, l’édification d’un mur au fond de l’abside romane ferme le chevet gothique axial qui disparaît sous les yeux des fidèles.

Sainte-Dode

Le village et l’église porte le nom d’une sainte locale.

La légende de sainte Dode est née à la fin du XIVe siècle.

Fille d’aristocrate, de naissance païenne, Dode et son frère Mondin pratiquaient la foi chrétienne en cachette de leurs maîtres païens et surtout de leur père. Ce dernier lui ordonne d’abjurer sa foi, elle refuse et s’enfuit avec son frère.

Attrapés sur les coteaux, ils furent traînés jusqu’au lieu-dit «Orria Val», village actuel, où Dode fut jugée et décapitée, ainsi que son frère.

Selon la légende, après sa décollation, Dode courut étancher le sang qui coulait à flots de son cou à la fontaine située au Nord-Est de l’église.

Les habitants construisirent un oratoire à proximité et l’église fut édifiée.

Les peintures murales du chevet gothique

À la fin des années 2000, la municipalité met en œuvre des travaux de restauration et de mise en sécurité du bâtiment.

Le mur clôturant l’abside romane est abattu et le chevet gothique apparaît en très mauvais état.

Plusieurs sondages sur les murs sont réalisés. Ils révèlent des grandes peintures des XVIIe et XVIIIe siècle représentants un décor végétal naîf et maladroit. Mais surtout ces dernières recouvrent un décor peint de peintures murales bien plus anciennes.

Ces peintures murales datent de la construction du prolongement du chœur au XVe siècle et racontent le martyre de sainte Dode.

Une inscription en lettres gothiques apporte la certitude de la date : «fut faite la construction de cette chapelle par messire Bernard d’Artiguedieu…». Cet homme fut prieur de 1455 à 1470.

La présence de deux blasons, celui des comtes d’Astarac en carreaux rouges et jaunes et celui des comtes de Foix-Bigorre-Béarn au nord, unis par un mariage en 1449, confirment la datation.

Sur le mur nord, la première scène présente un personnage armé d’une épée, le roi païen Euric chef des Wisigoths (Ve siècle), menaçant sainte Dode et lui demandant de renier sa foi. À droite, sainte Dode est accompagnée d’un ange signifiant sa sainteté.

À la suite, Dode est visitée par un ange à sa gauche, seule une aile est visible, car le mur avait été construit à cet endroit pour fermer le chœur gothique.

Sur le mur sud, sainte Dode apparaît poitrine nue, attachée à un poteau. Elle est martyrisée, flagellée.

L’autre scène raconte la décapitation ou décollation. On y voit Dode agenouillée, un soldat brandit un énorme cimeterre au-dessus de sa tête prêt à la décapiter.

Les représentations des personnages sont identifiables.

Sainte Dode est coiffée d’une petite couronne ouverte ornée de fleurons et de grandes fleurs de lys, symboles de pureté, laissant apparaître à l’arrière l’auréole des martyrs, sur une longue chevelure.

Le roi wisigoth Euric, largement barbu, porte aussi une couronne, fermée identifiant sa fonction et brandit un large glaive.

Tous les personnages portent des vêtements et coiffures du XVe siècle comme de grands bonnets de tissus épais, timbrés sur le fond d’une fleurette et dont la calotte froncée porte un pompon.

Incontestablement, un artiste peintre de qualité a particulièrement soigné les visages d’une très grande finesse.

Les fonds des peintures portent un décor de grands rinceaux très souples de couleur ocre parsemés parfois de fleurettes rondes à huit pétales.

La finesse des peintures murales font de l’église de Sainte-Dode, une des premières de «cet âge d’or de la peinture murale gothique» en Astarac lors de l’ample programme de reconstruction des édifices religieux entrepris à cette époque.

Le fond du chœur comporte un énorme retable peint de style baroque représentant sainte Dode. Il pourrait masquer la suite de la légende peinte de la sainte.

Le plafond est entièrement couvert d’un décor de bois peint en blanc laissant apparaître sur les côtés, les départs des voûtes d’ogives gothiques.

La chapelle sud du XVIIe siècle et son décor peint

Au sud, fin XVIIe siècle, une chapelle latérale est érigée et aujourd’hui inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 1936.

Sa particularité est son riche décor peint de style baroque jusqu’au plafond en caissons de bois décorés de motifs reliés à la Vierge et son culte.

Le décor des murs abondant est tracé en bandes verticales parallèles et en frises horizontales. 

Les éléments décoratifs sont typiques du répertoire baroque de la fin du XVIIe siècle :

Un très beau tabernacle y réside commandé par les Jésuites qui embellissent l’église au XVIIe siècle.

En hauteur, de chaque côté du tabernacle, sont déposés les bustes de sainte Dode et son frère Mondin.

Des traces de scènes peintes sont visibles sur l’arc triomphale de la chapelle ressemblantes à celles du chevet, de style naïf, datant certainement du XVIIe siècle.

Aujourd’hui, l’église attend avec une certaine impatience la suite et la fin de sa restauration qui permettraient la réintégration de cet ensemble de peintures murales des plus anciennes et des plus intéressantes de l’Astarac.

Le temple protestant de Sainte-Dode

Dans le Gers les édifices religieux dédiées au culte protestant sont rares : Auch, Mauvezin, Fleurance, Eauze et Sainte-Dode.

Depuis l’édit de tolérance de 1787, la communauté protestante est officiellement autorisée à célébrer son culte librement, d’abord dans de simples salles avant d’édifier des temples.

À Sainte-Dode, c’est un édifice construit au centre du village, isolé de l’église paroissiale.

Bâtiment rectangulaire de construction soignée, la brique est utilisée à but décoratif afin de souligner quelques éléments d’architecture. Il mesure 10 m de long et 5 m de large.

La couverture est une toiture à 2 pans en tuile mécanique. Elle est surmontée d’un clocheton aujourd’hui vide de sa cloche.

Le temple comporte 2 portes ornées chacune d’un tympan sculpté et portant des citations bibliques.

Celle donnant sur la route départementale porte la mention de «1900», année de construction et d’inauguration du temple.

L’intérieur est sobre comme le veut le culte protestant.

Une grande chaire de prêche occupe le mur est.

Le décor des 4 murs est un ensemble de peintures murales organisé en tableaux disposés régulièrement. Ces tableaux reprennent des versets de la Bible avec un lettrage réalisé au pochoir de couleur terre de Sienne et ocre rouge sur fond gris. Ils sont complétés par un décor de faux-appareil à filets terre de Sienne sur fond beige.

Tout le temple a été restauré selon la volonté du Conseil municipal et la restauration vient juste d’être achevée en 2023.

La construction de ce temple s’inscrit dans une campagne d’évangélisation qui se déroula à la fin du XIXe s. dans toute la France. Le Pasteur Philip, de Mauvezin, sillonnait le département du Gers à la rencontre de groupes de protestants, en particulier à Saint-Michel et Sainte-Dode.

Il y existait un groupe de protestants depuis la fin du XIXe s. et le culte protestant est autorisé au village depuis 1898.

En août 1899, un couple de protestants vend un terrain afin de construire un temple.

Le 1er juillet 1900, le temple est inauguré.

 

Après 1907, date du départ du dernier pasteur, le temple est rarement utilisé pour le culte. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, seules deux familles sont protestantes au village.

Après la guerre, les événements sont rares au temple de Sainte-Dode et il fut désacralisé en 1954 ou 1955.

L’Église Réformée de France n’ayant pas les moyens d’assurer l’entretien et les réparations nécessaires proposa la vente à la commune pour un franc symbolique. L’acte est signé le 27 février 1982.

 En 1989, le bâtiment est vétuste, dégradé, menaçant de ruine, la toiture ayant en partie disparu, victime des intempéries.

Le temple désaffecté a été classé monument historique par arrêté du 20 avril 2015.

Association de la Route des Peintures Murales et Sculptures

Contact : rpms @ orange.fr ou Office de Tourisme Val de Gers au 05 62 66 12 22

Avec le soutien de la Communauté de Communes Val de Gers